Sur la route des Festivals des Arts du Récit en France, en Belgique, au Québec et en Suisse, les conteuses observent souvent l'intérêt de se retrouver entre femmes de parole pour débattre de la discipline. Ces combattantes, rêveuses, militantes ou filles du vent, peuvent-elles encore trouver des espaces en dehors de la compétition où réaliser leurs rêves de partage ?
SISTAS réunit débutantes, chercheuses, exploratrices pour une catharsis inédite d'aventurières inconnues ou reconnues, une tribu ouverte qui pose la question de l'ambiguïté et de la puissance du féminin dans la création.
Rencontres artistiques, spectacles, entretiens, découvertes, présentations, discussions nous amèneront à nous questionner pour nourrir nos pratiques, repousser nos limites, redonner à la conteuse ses titres de noblesse, pour intri- guer aussi et sensibiliser.
Les femmes conteuses sont-elles prises au sérieux ? Comment se définissent-elles ? De quoi ont elles peur ? Qu’est-ce qui les anime ?
Aujourd'hui, les Arts de la Parole se renouvellent, se réinventent encore, au gré des coupures de subventions, de la nouvelle émergence, des innovations techno- logiques. Autant de mutations, de bouleversements organiques, d'insoumissions qui confèrent à la femme conteuse un usage plus vaste des notions-mêmes de féminin et masculin.
DIRE 2020
Il y a eu un temps où les femmes n'avaient pas le droit de parler en public, celles qui osaient étaient au mieux insultées, au pire enfermées, lynchées, brûlées... Grâce aux luttes des femmes dans le passé, plus personne ne va remettre en question notre présence ici, devant vous. Cependant nous savons que nous nous plions, que nous nous adaptons pour avoir une place dans un monde qui a été créé sans nous, qui n'a pas été prévu pour nous. Nous, conteuses, nous nous interrogeons encore sur notre légitimité lorsque nous prenons la parole en public. Il est temps pour nous de se « désensommeiller », de pister d'autres manières de manifester nos paroles, nos corps en accord avec nos urgences, nos révoltes, nos rêves. Nous nous nommons nous même SISTAS, femmes artistes engagées dans une solidarité politique. Ensemble, nous recherchons l'apprentissage du véritable sens et de la vraie valeur du mot « Sororité ». Être une SISTA est un engagement durable et permanent, conscientes que nous avons besoin de nos désaccords, de nos singularités et de nos différences pour grandir.
Solidaires avec toutes les femmes exclues des représentations culturelles que ce soit pour leur âge, leur engagement politique ou leur différence, nous sommes convaincues que notre vigilance doit générer des espaces d'enrichissement mutuel qui favorisent l'audace, l'émancipation et la diversité.
Ces moments d'échanges nous plongent dans un perpétuel mouvement, questionnent nos postures, nos identités, nos transmissions, nos actes artistiques.
DIRE existe dans la loge secrète du matin et à partir de 18h chaque soir avec vous à travers nos créations personnelles, nos performances, nos causeries. Nous ne sommes pas un festival, vous n'êtes pas des consommateurs de spectacles. Nous vous invitons à être témoins, à venir nous aider à faciliter l'écoute, l'ouverture, la découverte, DIRE est aussi une expérience à vivre pour le public.
Nous nous réunissons à Oléron avec DIRE, pour la 3e année consécutive. Cette manifestation est possible grâce à l'association « Contes en Oléron », les Dames d'Oléron et Bernard Bureau qui assurent une aide précieuse au niveau financier et aussi pour toute l'organisation, sans eux, DIRE serait irréalisable. Nous remercions aussi toutes les Sistas qui soutiennent ce rassemblement financièrement et apportent leurs savoir-faire respectifs pour la réalisation technique, logistique et artistique. Nous tenons également à remercier l'équipe des bénévoles conteuses et conteurs et parmi eux « la gang des Piverts » et enfin le Centre des Arts du récit qui nous apporte son soutien financier pour la deuxième année.
Cette 3e édition va terminer un cycle nécessaire, introspectif et jubilatoire pour démarrer en 2021 un cycle ouvert sur de nouvelles rencontres.
Résonne en nous, la dernière déclaration de la résistance constructive du Conseil National Indigène au Mexique, oeuvrons «pour continuer à renforcer nos résistances vers d'autres mondes possibles,
en brisant les encerclements. »