Les SISTAS S'EXPOSENT


Autoportraits, miroirs non-censurés

les Sistas s’exposent

 

Multiplier les images de soi-même, s’emparer de tous les rôles, même des plus stéréotypés, mais pour mieux les subvertir. Se réapproprier son corps et son image, prendre toute la place, devant et derrière la caméra, se libérer du regard des autres, être là où on ne l’attend pas, échapper aux déterminismes, plonger au plus profond de soi, réinventer sa propre identité.

Entre multiplication, fragmentation et disparition, depuis la moitié du XIX siècle jusqu’à aujourd’hui, beaucoup de femmes artistes ont utilisé l’autoportrait photographique comme outil d’émancipation.

C’est dans cette démarche qui s’inscrit ce travail d’expo collective.

Sista photographe, j’ai marché pendant un an à côté des autres Sistas pour les accompagner dans ce processus intime, parfois troublant, parfois jouissif ou cathartique. Nous avons partagé des vécus, des révoltes, des égarements, des questionnements. Et puis les rendez-vous avec soi-même, les silences, des moments de complicité et de solitude partagée.

Et voici nos corps et nos batailles, nos ambiguïtés et nos contradictions, nos blessures et nos armes secrètes. Voici nos moments de faiblesse, de désespoir, de colère ou de jubilation. Et, en trame de fond, les alliances profondes qui nous tiennent débout.

Voici nos miroirs non-censurés. Sans demander de permission, ni attendre aucune approbation, les Sistas s’exposent.

Novella De Giorgi





Cécile Delhommeau


Il y a des milliers d’années,
une femme préhistorique a gravé sur la paroi de ma main, une vulve.

Amies, soeurs, camarades, alliées, aïeules, vous êtes si nombreuses
dans mon houppier.

J’entends vos voix dans les lendemains qui chantent.

Et dans les aujourd’hui qui bruissent.

 

Anne Deval


En direct du fond du trou.


Najoua Darwiche


chlorophylle n.6


c’est la sève qui monte
jolie fleur de printemps
plante rugueuse
vénéneuse
la sève qui monte
pâquerette en colère
les brins d’herbe à l’assaut
coquelicots sur barricades
c’est la révolution verte
aussi douce qu’une caresse d’ortie
tinter la colère
laisser couler
dedans
dehors
et la jubilation surgit
faire monter la sève
et la beauté
et le pouvoir
et la ruse
et la frivolité
c’est la puissance de la sève qui monte qui monte qui monte
qui éclate
et pourquoi pas
sista najoua



Amandine Orban


Oui, on voit mes côtes.
Oui, j’aime manger.
Oui, j’ai de la force.
Oui, j’ai allaité.
Oui, je vais bien.
Veuillez ne pas vous inquiéter pour moi, merci.

 

 

Hélène Palardy


La lumière brûle et déforme. Sous les feux de la rampe, et dans votre regard, je ne reconnais pas toujours cette partie de moi que vous croyez voir.

 


Christine Horman


Entre ce que je montre, ce que je crois que je montre, ce que je crois qu’on veut que je montre, entre ce que les autres voient, ce que je crois que les autres voient, ce que je crois que les autres voudraient voir, ce que je veux que les autres voient... Vertige de l’entre.
De vertige en vertige une être hybride apparaît. Elle me ressemble.


Michèle Bouhet


Dans le miroir je la vois la secrète,
la qui se cache
la pas polie
la dure
la qui a hérité de sa mère le masque
Dans le miroir je la vois la vieille qui surveille du coin de l’œil la plus toute jeune enfumant le miroir......

 

Aline Hemagi Fernande


Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus vraie ?
À minuit ou à midi, je me transforme, sans cesse.
Mon corps est un terrain de jeu. Chacun de ses reflets révèle une identité profonde.
Miroir, lieu de toutes les crises existentielles depuis l’enfance.
L’aube me trouve fraîche comme l’eau de la fontaine.
Le crépuscule réveille mes pulsions.
Et j’éclate de rire dans un sanglot.

 


Annukka Nyyssönen

J’aime les cachettes.
Me cacher, ça m’est beaucoup plus intéressant que d’être vue ou pire, de me faire voir.
Et puis il y a ce que l’on fait, ce que l’on guette et ce que l’on voit, depuis sa cachette.

 


Myriam Pellicane

CHAC-MOOL
Mon moi-moi-moi dans la poubelle Pellicane. Base secrète !
J’ai 103 000 parchemins de sorcellerie interdite dans la tête !
Je suis la morveuse qui marche sur les plates-bandes de Dieu !
(Livre : le best-seller de l’EZLN : Pistes Zapatistes, la pensée critique face à l’hydre capitaliste)

 

Pom Bouvier-b


« Prendre racines à la cime des arbres
retourner, le regard pour voir le monde de profil, écouter dans les interstices ce que disent les non-humains et les âmes.»

 


Adeline Bourgoin

Chasse au trésor avec bambi sp et un chamboule tout truqué.

 

 

Ummée Shah

Je me joue des frontières.
Ces frontières aux barbelés invisibles qui te déchirent de l’intérieur, te vident le sang de tes veines, dispersent ta chair en lambeaux et puis t’ordonnent : Ramasse ce qu’il reste de toi et choisis de quelle côté tu es !

 



Novella De Giorgi


« Ferme les jambes, on voit ta petite culotte ! »

Hommage à la petite fille qui ne voulait pas porter de jupe.

 


 

Darline Gilles


« Petite fille, n’oublie pas. N’aie pas peur de l’arrogance du soleil, tu as déjà marché sur du feu sans te mouiller les yeux ».

Extrait de Danser jusqu’à saigner le ciel

 


Marion Minotti

La vierge allaitante est une des nombreuses iconographies de Marie. Ici j’ai voulu me représenter dans cette forme, là où je suis. Au milieu des prés en jachère. Pleine d’un amour inconditionnel et nourricier pour l’enfant que je porte au sein. La maternité est un espace-temps en suspens. Souvent au bord des chemins, la vierge allaitante est ici hors sentier. Une gerbe de fleurs représente la fertilité qui pousse dans ce temps arrêté.

 


Anne Borlée

Gardienne de foyer cherche passionnément les racines et les braises
dans les débris de la monoculture capitaliste.

 


Vi Indigaïa

Les armes miraculeuses sont cachées au fond des entrailles
Quand ma nuit tombe en plein midi du monde
Je ne veux pas glisser
Veste hongroise dans un hiver suisse
Ombilic nostalgique, je hèle sur le vent jusqu’en Martinique
Les armes miraculeuses sont cachées au fond de mes entrailles
Le plus court chemin qu’ait trouvé la liberté pour briller
Ici. Là-bas. Ailleurs. Partout.

 


Swan Blachère

Je marche à ses côtés, avec encore vissé au ventre le puissant souvenir d’avoir été Centaure.
Pourtant, c’est quand je mets pied à terre et que je parviens à me hisser jusqu’à son silence que quelque chose se produit, qui vaut tout l’or du monde : marcher ensemble, vraiment.

 


Bernadète Bidaude


Je me sais du rêve très ancien et je rêve aujourd’hui
je marche en compagnie de mes sœurs sans âge colporteuses d’images reprisant des mots colorés sur la voie lactée fil du chemin des âmes
je marche en compagnie de mes sœurs maintenant réinventant en toutes langues les histoires de nos luttes arc-en-ciel
Et les soirs de brume près de l’étang de mon enfance, je devine une fine silhouette près de moi et je sens la douceur d’une petite main ocre qui tient la mienne.

4 commentaires:

  1. Bravo les sistas ! Belles rencontres à vous.

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  2. Très beau travail! Tellement fière d'être une sista. :)

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  3. Merci Novella de nous avoir donné l'audace de ces auto portraits....Les Sistas je vous embrasse par delà tous les miroirs

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  4. Yep ! Un super rassemblement, un magnifique projet à refaire absolument !

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